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Protection animale en Tunisie: Entre colère et tristesse

La vie des animaux ne pèse décidément pas lourd dans la balance des décisions prises par les humains.


C’est le énième cri d’alarme qui a été lancé par le Collectif Tunisia Animals Voice pour mettre le focus sur la situation animale en Tunisie. Et aujourd’hui, c’est Djerba qui fait parler d’elle, malheureusement. L’île de rêve ressent encore les stigmates de la tragédie survenue au cours de l’été 2020 dans un refuge où des chiens avaient été retrouvés massacrés. Les crispations sont toujours présentes et le sujet divise encore et encore la société civile. Et là, il faut mentionner que les habitants de Djerba, qui ont souffert de la médiatisation de cette affaire, ne veulent pas revivre les mêmes joutes sur les réseaux sociaux. Pourtant, la méfiance s’étant installée, le fossé s’est creusé entre les différentes parties et n’a pas l’air près de vouloir se combler. La communication s’étant interrompue, alors que le problème demeure. Au gré des naissances, la population animale s’est accrue de nouveau et le sujet est revenu au centre des préoccupations.

Une fois de plus, les chiens  sont en sursis

Sous la pression de quelques citoyens, dont des paysans qui ont découvert leurs moutons tués dernièrement et qui incriminent les chiens de l’île, la municipalité de Djerba Midoun, cédant à la vindicte populaire, a décidé de recourir à la méthode radicale et décriée qui est celle de l’abattage. Pour ce faire, elle a signé un accord avec l’Association des chasseurs de Djerba afin de lancer une battue qui ne laissera guère de chance de survie aux animaux. Et là, plusieurs questions passent par l’esprit : Djerba sera-t-elle en « état de guerre » durant la période s’étalant du 14 au 21 décembre, date décidée selon ledit accord pour procéder à l’élimination des chiens ? L’île subira-t-elle le bruit des détonations et les hurlements des chiens criant de terreur et de souffrance ? Et les enfants de Djerba, dans tout ça ? A-t-on, seulement un instant, songé à eux ? Seront-ils confrontés au spectacle de ces corps suppliciés ou à la vision des animaux agonisants, en se rendant à l’école, le lendemain ?

Malheureusement, ces terribles annonces fuseront tant que cette loi de protection animale qui imposera l’arrêt des abattages et fixera cette décision dans le marbre ne sera pas promulguée par les décideurs. Car, sans volonté politique, ce cauchemar se répètera à l’infini. Tel un mauvais scénario de film d’épouvante qui terrorisera adultes et enfants avec le risque de conserver cette cicatrice indélébile qui forgera l’esprit de notre société. Est-ce que c’est ce que nous attendons pour l’avenir de la Tunisie en persistant dans ces pratiques archaïques qui démontreront, une fois de plus, au reste du monde qui nous regarde avec effroi et nous juge, que notre pays n’arrive toujours pas à sortir de cette impasse ? Ces animaux n’ont-ils pas le droit de vivre en toute sécurité sur notre sol sans craindre d’être dénigrés, chassés, suppliciés, violentés … tués ? Sommes-nous moins réceptifs que les sociétés occidentales aux signaux que nous envoient notre planète et les créatures qui y vivent ?

L’abattage systématique n’est en aucun cas la solution

Alors que des municipalités nous montrent la voie à suivre, d’autres demeurent obstinément sourdes aux appels des protecteurs des animaux. Pourtant, l’abattage systématique n’est en aucun cas la solution : on sait maintenant que quand on abat un groupe de chiens, d’autres reconquièrent le territoire abandonné. Les vétérinaires et les défenseurs des animaux n’ont cessé de marteler que la seule alternative, la seule stratégie ayant prouvé son efficacité, et qui a été développée par l’Inde, la Turquie et bien d’autres pays, est celle recommandée par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) : la méthode TNR, en anglais Trap Neuter Release qui signifie «Attraper, Stériliser, Relâcher». Cette méthode a permis en quelques années de réduire le nombre d’agressions et de supprimer totalement les cas de rage humaine. Une fois stérilisés, vaccinés, déparasités et identifiés, les chiens sont relâchés très rapidement sur leur territoire, à l’endroit exact où ils ont été capturés, ils le réoccupent et le défendent.

Notons dans ce même cadre, que depuis quelques jours, les différents réseaux sociaux partagent la terrible nouvelle donnée par la municipalité de Djerba Midoun. Cette information est à présent connue de tous, à l’international et rien ne pourra arrêter l’onde de choc qui se prépare si les autorités mettent à exécution leur funeste projet. Alors que sous d’autres cieux, les sociétés progressent dans le sens de la protection des animaux, le chien, le meilleur ami de l’homme, demeurera-t-il un animal maudit dans notre pays ? Notre Président Kaïs Saïd, n’a-t-il pas déclaré récemment : «Passons ensemble du désespoir à l’espoir d’un avenir meilleur» ? Et là, les défenseurs des animaux ne peuvent que former le souhait que ce vœu se réalise au plus vite.

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